mercredi 1 mars 2017

Comment fonctionne le Conseil des droits de l’homme ?

Comment fonctionne le Conseil des droits de l’homme ?

La première session annuelle du Conseil des droits de l’homme s’est ouverte lundi 27 février à Genève, siège de l’organisation onusienne. Ce Conseil a été créé en mars 2006 à la suite de la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Les travaux qui dureront jusqu’au 24 mars devraient donner lieu à l’adoption de nombreuses résolutions.
Ses 47 pays membres sont élus à la majorité absolue, avec un système de quotas régionaux. Ainsi, treize sièges sont réservés à l’Afrique, treize à l’Asie et sept pour l’Europe occidentale. Le Conseil a été critiqué pour la place trop importante qu’il donne à des pays peu respectueux des droits de l’homme comme la Libye, Cuba, l’Iran ou l’Arabie saoudite. L’institution est dirigée depuis 2014 par un haut-commissaire, le diplomate jordanien Zeid Ra’ad Zeid ­Al-Hussein.
« Cette institution est révélatrice du nouveau poids des pays du Sud. Mais, ces derniers n’ont pas et ne veulent pas avoir de discours cohérent sur les droits de l’homme. Leur priorité, à l’instar de la Chine ou de la Russie, est avant tout la cohésion de leurs sociétés », explique Philippe Moreau Defarges, à l’Ifri. « Les pays occidentaux, en matière de droits de l’homme, sont perçus comme très hypocrites, au vu des détentions arbitraires à Guantanamo ou de la condition des Palestiniens, par exemple. »

Quel est son rôle ?

La situation des droits de l’homme en Syrie, en Corée du Nord ou en Birmanie sera une fois de plus discutée par les diplomates qui débattront également de sujets thématiques allant de la torture aux migrants, en passant par la liberté de croyance ou les droits des minorités sexuelles.
John Fisher chez Human Rights Watch explique : « Le Conseil est un espace où l’on débat, dénonce, nomme des commissions d’enquête sur la Syrie ou la Corée du Nord, développe des résolutions pour demander à des pays comme le Sri Lanka ou le Myanmar de réformer leurs politiques. C’est une enceinte utile qui permet de mettre en lumière des manquements. » John Fisher prend l’exemple des droits de l’homme au Burundi. Le pays a fait l’objet d’un avertissement de la part du Conseil, en septembre dernier : « Il pourrait exclure à l’avenir ce pays en cas de non-coopération. »
Lundi 27 février, en ouvrant la session annuelle du Conseil, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a déploré la montée du « populisme ». Il a par ailleurs appelé à « résister avec la plus grande fermeté à ceux qui souhaitent rétablir la torture ».
De son côté, le haut-commissaire aux droits de l’homme déplore régulièrement qu’un nombre croissant de pays refusent de coopérer avec ses experts et observateurs internationaux, notamment la Syrie, l’Iran, le Venezuela.

Les États-Unis seraient-ils tentés de quitter l’organisation ?

Lors de sa création en 2006, les États-Unis avaient préféré se tenir à l’écart du Conseil, avant de le rejoindre. Leur mandat actuel court jusqu’en 2019. Hier, le haut-commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, mettait en garde les « profiteurs politiques » tentés de se retirer du système multilatéraliste. Certains prévoient l’annonce d’un retrait américain de l’organisation.
Mercredi, à Genève, les États-Unis vont prendre la parole au Conseil, par la voix d’Erin Barclay, adjointe du secrétaire d’État américain. « Les États-Unis ont joué un rôle important depuis leur adhésion au Conseil sous l’administration précédente. Ils ont assuré un leadership pour de nombreuses initiatives clés », explique John Fisher. Les États-Unis n’ont pas encore de nouvel ambassadeur au Conseil, mais ils ont prévu de co-présenter trois résolutions, sur la Syrie, l’Iran et le Sri Lanka.
Pierre Cochez

http://www.la-croix.com/Monde/Quel-est-le-role-du-Conseil-des-droits-de-lhomme-2017-02-28-1200828164

dimanche 15 mai 2011

La vague de constructions illégales, un casse-tête pour l'État

La vague de constructions illégales, un casse-tête pour l'État
15/05/2011
Des hommes politiques et autres personnalités sont largement soupçonnés  d'avoir légalisé des constructions bâties de manière anarchique dans le  passé, à coups de pots-de-vin, de pressions et de trafic d'influence.
Des hommes politiques et autres personnalités sont largement soupçonnés d'avoir légalisé des constructions bâties de manière anarchique dans le passé, à coups de pots-de-vin, de pressions et de trafic d'influence.
Social
Depuis plusieurs semaines, les constructions illégales poussent comme des champignons sur des terrains domaniaux, posant un danger public et un véritable casse-tête social pour l'État, qui a ordonné leur destruction.
Le président de la commission des Travaux publics au Parlement, Mohammad Kabbani, souligne surtout le danger posé à la navigation aérienne par des habitations illégales de plusieurs étages construites à proximité de l'aéroport international de Beyrouth.
Les autorités ont lancé une campagne pour raser les bâtisses illégales concentrées dans des zones densément peuplées de la banlieue sud de Beyrouth et du sud du pays, deux bastions du Hezbollah.
"L'État ne s'en prend qu'aux pauvres!" lâche, furieuse, Fatima Ghazali, 46 ans, devant les débris d'une maison qu'elle faisait construire sur un terrain public à Adloun, au sud de Beyrouth.
Mais dans un pays où le laxisme est roi, ces constructions viennent s'ajouter aux milliers d'autres édifiées à la faveur de l'anarchie de la guerre civile (1975-1990).
Elles interviennent au moment où le pays est sans gouvernement depuis janvier, et que les institutions étatiques semblent être entrées dans une sorte de "coma".
"Les contrevenants ont profité du vide politique et du fait que le gouvernement chargé des affaires courantes n'est pas très efficace", affirme Mohammad Kabbani.
Il souligne le danger posé à l'aviation par des constructions illégales de plusieurs étages, ajoutant que cela menaçait la sécurité de l'aéroport qui pourrait être exposé à des "sanctions internationales".
"Près de la piste 17 (ouest), les constructions illégales se limitaient à un seul étage et soudain on voit deux et trois bâtisses ayant poussé à sept mètres de hauteur ces deux derniers mois", affirme-t-il.
Chaque fois que les forces de l'ordre tentent de stopper un chantier, des accrochages avec les habitants s'ensuivent. Le 21 avril, il y a eu deux morts à Tyr (sud).
Le Hezbollah, accusé de fermer l'oeil sur ces projets, a démenti et dénoncé "toute violation de la loi".
D'ailleurs, les choses semblent échapper au contrôle des partis aussi influents qu'ils soient.
"Je reconstruirai ce qu'ils ont détruit. C'est ma propriété, pas celle de Bahia Hariri, de Nabih Berry ou Hassan Nasrallah", lance sans ambages Leila Khazen, 40 ans.
"Le Hezbollah et Amal font pression pour que l'on arrête les constructions, mais les gens ne vont pas les écouter", assure un constructeur de 43 ans à Tyr.
"Pourquoi les politiciens ont-ils le droit de grignoter des milliers d'hectares de terrains domaniaux, alors que c'est un scandale quand les pauvres construisent un appartement de deux chambres?" s'insurge-t-il, au moment où des ouvriers s'affairaient autour de lui comme des abeilles dans une ruche.
Des hommes politiques et autres personnalités sont largement soupçonnés d'avoir légalisé des constructions bâties de manière anarchique dans le passé, à coups de pots-de-vin, de pressions et de trafic d'influence.
"Il y a 1 296 propriétés maritimes illégales, contre 64 construites dans les normes", selon M. Kabbani.
Mais pour les classes défavorisées, une construction illégale est devenue un "droit".
"Mes trois fils sont des ouvriers journaliers qui touchent 10 dollars par jour. Comment voulez-vous qu'ils achètent des appartements qui se vendent à des centaines de milliers de dollars?" s'écrie Fatima Ghazali.
En plus de l'aspect social, beaucoup s'inquiètent de l'impact sur la sécurité et l'environnement.
"Ces constructions sont un danger public car elles ne respectent aucun critère", affirme le président du syndicat des ingénieurs, Elie Basaybes. "Ce sont des sortes de cercueils: elles s'effondreront sur la tête de leurs habitants à la moindre catastrophe naturelle".